Les « dernières » tribulations d’un Touchois en Anjou.
Reporté en 2020 pour cause du COVID, ce mardi 27 juillet 2021 à 8h je prends le départ du TOUR D’ANJOU une randonnée permanente de 454 Km organisée par les randonneurs cyclo de l’Anjou, un club d’Angers.
Quelques jours auparavant, en me fiant aux prévisions météo optimistes pour cette période, j’avais réservé et payé les hôtels en fonction de la répartition des étapes.
Donc la pluie du matin n’a pas arrêté le pèlerin.
Nort/Doué la Fontaine : 174 km.
En direction de Champtoceaux la route est barrée mais les engins de chantier s’écartent et je passe. Au sommet je vérifie ma roue arrière et catastrophe, j’ai un rayon cassé. Ça commence mal et la pluie se met de la partie sans discontinué jusqu’à Doué. Je ne suis pas un adepte des GPS de vélo. J’en suis resté à la bonne carte Michelin. Encore faut-il avoir la bonne carte car à La Romagne, ville désertée, j’ai tourné en rond pour trouver la direction de St Christophe du bois distant de 7 km par une VC. Pas un autochtone pour me renseigner. Le panneau indicateur était à l’encontre du sens de circulation. Cette situation d’implantation anarchique des panneaux me rendra fort vigilent pour la suite.
La roue ne prend pas trop de voile. J’évite de me mettre en danseuse. Je monte les bosses des coteaux du Layon assis, ce qui me vaudra quelques désagréments au niveau du fessier. 17h45 l’hôtel de Doué est atteint.
Le vélociste indiqué par l’hôtelière s’apprête à fermer quand j’arrive. Il semble peu enclin à faire du rab mais finalement il accepte de prendre en charge mon vélo. Ouf ! Mais pas ce soir !!. Sur place il n’a pas de rayons. C’est son père qui depuis son domicile rayonne les roues. Il me véhicule jusqu’à l’hôtel et me reprendra demain 9h. A 9h personne. Après deux appels infructueux vers 10h je me dirige vers le magasin. J’arrive au moment où il partait pour me récupérer.
Quand j’ai sorti mon porte-monnaie il a été très « très » correct et a refusé mon paiement.
Mercredi 28 : Doué la Fontaine/Précigné : 132 km
10h30 : La pluie refait son apparition jusqu’au contrôle de Fontevraud-l’Abbaye où je dois présenter mon passe-sanitaire pour obtenir le précieux sésame. A Montsoreau je croise le parcours de la Loire à vélo. C’est la déambulation des vététistes ou autres cyclo-campeurs. Direction Baugé par la forêt. Comme souvent, le revêtement d’une chaussée forestière est dégradé par le passage des camions grumiers. Les secousses provoquent quelques douleurs au niveau de la selle. A Durtal, je modifie le parcours car il ni y a plus d’hébergement à Morannes, point de contrôle obligé.
Donc à 18 heures, je fais halte à Précigné dans un ancien couvent transformé en hôtel.
Le calme n’est pas monastique.
Au cours du diner, 20h, j’ai une altercation avec un client, accroc au portable professionnel très sonore. Comme je lui demande si je peux manger tranquillement, il devient fou et menace de me jeter dehors. Comme j’insiste sur son incorrection, et que je demeure à sa disposition, il n’a pas mis sa menace à exécution et a quitté la salle. OUF.
Jeudi 29 juillet 2021 : Precigné Beaucouzé 153km
Après une bonne nuit et un bon petit déjeuner je reprends la route pour Morannes, sa boulangerie et son tampon.
A la sortie du village un cyclo à vélo couché admire le paysage du plan d’eau. Je lui donne le bonjour et je continue ma route. Il lui faut peu de temps pour me rejoindre. On discute.
Il réalise La Race Across France,(pour info aux costauds) qui se déroule actuellement. Une cinquantaine de cyclistes sont inscrits, participant à différentes distances, 300, 500, 1000, 1500 et 2600 kms la plus longue, entre Mandelieu la Napoule et Le Touquet Paris Plage, inclus la montée du Ventoux et une traversée des Alpes de tous les risques avec les plus hauts sommets praticables. Lui se dirige vers le Touquet et ses 2600kms.
Adepte des longues distances, nous sommes en pays de connaissance car il a déjà 4 Paris Brest Paris à son palmarès. Nos routes se séparent rapidement. Je n’ai pas voulu le retarder. lol
L’état des routes est de plus en plus déplorable, le vent de plus en
plus présent. Je me restaure à Pouancé et jusqu’à Challain la Potherie la route
gravillonnée est un vrai danger. Vers 18h j’arrive au FAST HOTEL réservé à
Beaucouzé. Dernier tampon.
Diner au Buffalo grill.
Vendredi 30 juillet/ Beaucouzé/Nort 94 km
Réveil à 6h30 pour un petit déjeuner copieux. Pain, croissant, yaourt maison, fruits etc.
Le retour est un vrai supplice. Le vent fort le long de la Loire ralentit ma progression. Je ne peux plus me tenir assis. Je rentre par Ancenis, Ligné.
Fin du périple à 12 h 30 après 553 km soit 100 de plus que le parcours initial. Mes copains de Croissy en région parisienne m’appelaient la Boussole.
Mon mal, après contrôle de mon infirmière particulière s’avère être une ampoule.
Partir seul 4 jours sur les routes peut paraître incongru pour certains. Bien sûr rouler à deux ou en groupe est plus sécurisant dans le flot de la circulation routière ou en cas d’incident mécanique. Des « coureurs » que je côtoie régulièrement dans l’univers Touchois, peu ont vraiment aucun l’esprit cyclotouriste, adepte des longues distances.
La solitude qui est définie comme l'état, ponctuel ou durable, d'un individu seul qui n’est engagé dans aucun rapport avec autrui n’a évidement pas le même sens selon qu'elle est choisie ou bien subie. Je pense que cycler seul a aussi son attrait.car personnellement je ne ressens pas d’impression d’abandon. Bien au contraire car par la pensée je suis toujours avec les miens, mes amis, à évoquer mes souvenirs de randonnées ou autres sujets personnels. J’ai le sentiment d’être toujours à la quête de rencontres que ce soient avec la nature, la faune ou l’humanité. Il suffit d’avoir les sens à l’écoute pour se rendre compte que l’on n’est pas seul. Voyez ce renard qui traverse négligemment la route avant d’apercevoir votre présence et de s’enfuir la queue en panache dans un fourré. Apercevez cette biche inconsciente du danger qui surgit du bois pour d’un bond gracieux se réfugier et disparaître dans un champ de maïs en face. Que dire des tourterelles et autres volatiles qui semblent vous narguer en prenant leur envol juste devant votre roue. Il me plait également d’apprécier le spectacle des éoliennes qui faute de vent suffisant balancent si faiblement leurs pales qu’elles semblent anéanties de chaleur. Et puis il y a les bruits. Le guidon qui grince, les cales qui couinent, la selle qui craque, et tout çà disparaît quand survient le mal aux fesses, pour revenir plus tard quand la douleur est oubliée. Vous êtes aux aguets quand vous entendez derrière vous le ronflement du moteur de la voiture ou du camion qui rétrograde pour ralentir, s’écarter afin de vous doubler sans risquer de vous emporter sur le capot dans un accès d’affection.
Aujourd’hui, comme promis à mon épouse Mireille, je mets fin officiellement à mes séjours grandes distances. Je ne termine pas sur le meilleur souvenir d’un parcours très quelconque.
Si ces quelques mots peuvent provoquer parmi les membres du Cyclo Touchois, des vocations pour s’engager sur les longues distances j’en serai très heureux.
Bien Amicalement
Bernard
PS je donne porte-sacoches et sacoches.
A Nort le 1 aout 2021.
Bien arrivé !! |
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