Deux autres cartes postales de vacances.
* Coin-Coin sur les sommets.
Attention ! Un canard, ça peut voler très haut !
La preuve, le nôtre a survolé Les Pyrénées...
* De la part de Bernard... Son Paris-Brest-Paris...
A LA CONQUËTE DU GRAAL.
Préambule :
pour obtenir une 5e
médaille j’ai établi un plan de route prévisionnel de 79 heures qui me laissait
une marge de sécurité par rapport aux 84 heures du contrat. L’important était
de finir dans les temps.
Lundi
17 août.4h30 les abords du vélodrome
national de Saint Quentin en Yvelines sont constellés de petites lucioles qui
gravitent vers la ligne de départ. Je fais partie de la palanquée de 300 cyclos, plaque de cadre X, qui
s’élancent à 5h. La traversée de la ville nouvelle s’effectue derrière une
voiture officielle qui régule l’allure. Déjà un premier malchanceux a
crevé. Quand la voiture s’écarte les
fauves sont lâchés. Le peloton s’étire rapidement. Je reste sagement calé sur mon
25 km/h. Au bout de 65 km les premiers Y partis à 5h15 me dépassent, rapidement
suivis des Z derniers partis à 5h30. Le temps clément et le vent portant me
permettent d’avoir une heure d’avance sur mon plan de route. 13h50 Pause
déjeuner à Villaines la Juhel. Je repars sous les gouttes. Déjà je double des
concurrents Asiatiques partis la veille. Ceux-là ne sont pas préparés pour une
telle épreuve et ne finiront pas dans les délais ou abandonneront. Dans le
peloton la question tourne en boucle sur
la validité des brevets qualificatifs dans leurs pays. 21h13 repas à
Tinténiac Soupe, pates bolognaises et eau pétillante sera mon ordinaire pendant l’épreuve. Si, si
pas même un verre de vin. Je décide de poursuivre jusqu’à Quédillac, km 390, où je m’arrête pour un repos de 3H.
Mardi
18 août. Etape 347 km. A 4h10 accompagné
d’un Slovène qui heureusement possède un GPS nous transperçons la nuit noire
jusqu’à Loudéac où j’arrive à 7H24. Je suis en retard d’1/2 heure sur mon plan
de route. La courbe s’inverse. Je considère cette portion entre Loudéac et
Carhaix comme la plus difficile sur le trajet aller. Je pointe à 11h44 à
Carhaix. Sandwich américain et bière dans une boulangerie. Brest est en vue.
Mais avant il faut grimper à Huelgoat et ensuite franchir le Roc Trévézel point
culminant de la Bretagne. C’est dans ce secteur que s’effectue le croisement avec ceux qui reviennent. Impressionnant de voir
ces centaines de cyclos qui dévalent la pente 4 de front au mépris du danger
que représente la circulation intense de camions. Pour atteindre le contrôle de
Brest à 17h02 il faut d’abord descendre visiter le bord de mer pour
ensuite remonter au centre-ville.
Terrible côte. Faut-il vraiment rajouter de telles difficultés. Super ! Je suis sur le chemin du retour. A mon tour de
croiser les quelques attardés. 21h50 retour à Carhaix (km 701) j’ai une 1 h de
retard sur mon prévisionnel. Je décide de poursuivre jusqu’à Saint Nicolas de
Pelem (km 737) où je prends un nouveau repos de 3h.
Mercredi
19 août. Etape 354 km. 4 heures Je repars
avec un tandem vendéen direction Loudéac. Cette portion accidentée, succession
de côtes abruptes et de virages est vraiment indigeste surtout de nuit. Heureusement la route vers Tinténiac où je
déjeune à 12h30 est plus facile et permet de récupérer des efforts précédents.
A Fougères atteint à 15h42 mon retard
est de 1H30. Il ne faut pas lambiner. 20
km avant Villaines la Juhel un restaurant
improvisé propose un menu saucisse
frites. J’en rêvais, je m’arrête, je
savoure. Au contrôle à 22h je propose à Michel,
un cyclo que j’avais rencontré sur le 600 km de St Méen, de faire route commune
pour la nuit en direction de Mortagne. Il est préférable de ne pas rouler seul
la nuit. Le pacte sera respecté. Mais que ces 81km ont parus interminables, la
fatigue aidant les troubles visuels devenaient de plus en plus inquiétants.
J’avais l’impression d’être dans des gorges avec le précipice de l’autre côté
de la ligne blanche. J’arrive à Mortagne
à 3h30 pour un prévisionnel à minuit. Je vais au dortoir et je demande un
réveil à 6h30. Michel un 90h doit impérativement arriver avant midi et ne
s’arrête pas.
Jeudi
20 août. Etape 140 km. A 6 h je suis déjà sur pieds. Après une
douche pour me stimuler et un bon petit déjeuner j’entame la descente sur
Paris. J’ai 10 heures pour effectuer cette dernière étape. Une formalité, me
dis-je. Hélas le temps très clément jusqu’à présent vire à l’orage au bout de
10 km. Pendant 3h je roule seul sous des trombes d’eau et le vent contraire. Ma
vue se trouble et j’ai du mal à évaluer les distances. C’est dangereux, je suis
sans force et je n’arrive pas à prendre les roues d’un couple de Suédois qui pourtant
m’invite à les suivre. J’arrive au dernier contrôle de Dreux à 11h34 soit 4h34
pour faire 75km. Repas puis une sieste d’une heure pour récupérer. 13h20 départ
pour l’ultime secteur de 65 km. Je dois arriver avant 17h pour respecter le délai de 84h. Régine ma sœur, Jeannot son
mari et Alain et Christiane Thibault viennent à ma rencontre. Ils me seront
d’un grand soutien. Enfin du monde avec qui parler pour oublier les kilomètres
qui n’en finissent plus. Gambaiseuil est gravi dans la douleur, mais sous les
applaudissements qui rythmeront les derniers kilomètres.16h30 le vélodrome de
St Quentin est atteint. Les derniers hectomètres se font sous une double haie
de spectateurs venus féliciter les arrivants. Mes amis sont présents. Gérard,
Gilbert, Dominique le président du club et Bruno qui a terminé son PBP la
veille. J’ai droit à un bouquet de fleurs et comme le 20 août c’est la Saint Bernard,
Régine a apporté le pétillant. J’ai bouclé cette formidable aventure humaine en 83h30 dans le
respect du contrat de 84h.
Un bouquet amplement mérité.
Conclusion.
Pour réussir il faut bien connaitre ses possibilités physiques et surtout ne
pas partir en surrégime synonyme de désillusion. J’ai payé pour le savoir en
1991. Ici, il n’y a pas de
premier ni de dernier. L’essentiel étant d’aller jusqu’au bout, chaque
participant repousse ses limites.
A l’arrivée, mon cou a de la peine à soutenir ma tête, mon séant brûle et mes
mains sont ankylosées. Bientôt tout cela ne sera que lointain souvenir.
Toutefois par
rapport à mon précédent PBP randonneurs qui date déjà de 1999, j’ai noté un manque flagrant de
convivialité entre participants. Le fait que les
étrangers soient maintenant sur-représentés ne facilite pas les échanges. De
plus, comme les groupes constitués Français
que j’ai épisodiquement côtoyés étaient également peu enclin à intégrer un élément supplémentaire,
de jour j’ai roulé pratiquement seul.
Je ne peux terminer sans remercier tous les Bretons qui se sont
mobilisés aux bords des routes pour nous encourager. Bravo, courage, ces encouragements je les ai entendu des centaines
de fois. Et que dire de ces points de convivialité organisés par des mairies,
des associations ou de simples particuliers
pour nous offrir, boissons, café, thé, gâteaux, crêpes, galettes de jour comme de
nuit.
« Malgré tout, cette fois-ci, c'est vraiment le dernier ! »
Bernard
dauger X275 lundi 24 août 2015.